Jeremy Quastana dans son chai.

Génération débrouille

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Le vigneron est, dans l’imaginaire collectif, un producteur de huitième génération, un bon vieil homme qui porte chemise de lin, pantalon de velours côtelé et ceinture de flanelle. La vérité est tout autre. Tout comme de plus en plus de jeunes s’adonnent au plaisir du vin, un contingent de jeunesse est également séduit par la production. Jérémy Quastana en fait partie.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 14 décembre 2015

A 30 ans, le jeune homme est tout aussi à l’aise lors d’un concert de ska au Chato’Do, que dans sa cave à Fresnes ou dans son bar Les 400 coups au 42 de la rue Saint-Lubin à Blois. Jérémy en est le gérant associé à deux autres producteurs du département, Philippe Tessier et Thierry Puzelat.

La passion du vin qui réunit ce trio les a décidés à ouvrir un lieu où il est possible de déguster des vins du Val de Loire et d’ailleurs. « Des produits bio ou naturels obtenus en respectant le vivant pour le bienfait du consommateur et du terroir », explique le jeune vigneron.
Autrefois étudiant en fac d’histoire, Jérémy travaillait au domaine de l’Olivier Lemasson pendant les vacances. Le vigneron, réputé pour ses vins naturels « Les vins Contés », l’aurait « convaincu » d’abandonner les amphis et de se lancer dans la culture du vin.

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Ses premières expériences de récolte avec Olivier, devenu son mentor, datent de 2004. C’est en lui versant quelques verres lors des fêtes joyeuses des cueilleurs, qu’il l’encourage à se rendre à Bordeaux pour s’inscrire en BTSA viticulture-œnologie.

Du Beaujolais à la Sologne

Pour le stage de son nouveau cursus, Jérémy travaille avec Marcel Lapierre sous le cagnard du Beaujolais. « C’était la formation rêvée pour les vins naturels que je comptais faire », dit-il. Diplôme en poche, il revient ensuite à Fresnes en juin 2008. En octobre, juste après les vendanges chez Olivier Lemasson, il reprit un petit vignoble en Touraine. Un carré de deux hectares bordé par la forêt sur le plateau de Monthou-sur-Bièvre avec 70 ares de jeune Gamay, 60 ares de vieux Gamay (50 ans) et 60 ares de Côt. Son vignoble est à 15 minutes en voiture de son domicile. Pratique lorsque l’on veut installer son chai à la maison.

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Car Jérémy Quastana vit toujours chez ses parents à Fresnes, au bout d’une route étroite dans une zone arborée, entourée de prairies, étangs et quelques vieilles fermes. Sans tradition agricole familiale, ses parents l’ont pourtant l’encouragé et lui ont cédé les bâtiments pour y installer le chai et la cave. Pour le matériel, il a fait preuve de débrouille. « J’ai fait marcher le réseau et ainsi récupéré presse et cuves chez les vignerons du coin. »

Comme lui, ses vins prennent une vraie dimension d’année en année

Des vignerons qui l’entourent et le suivent. Et c’est aussi pour cela que Jérémy affiche déjà l’assurance d’un vigneron expérimenté alors qu’il n’est qu’à son sixième millésime. Comme lui, ses vins prennent une vraie dimension d’année en année. Il produit deux rouges vinifiés en fûts et un pétillant naturel rosé aux noms évocateurs, « L’insurgé », « Collectif », « Buena onda ». Des vins naturels, des vins de soif avec une grande « buvabilité »…

Sur le mur de la cave trône une photo avec un groupe de cueilleurs le verre à la main. « Ils étaient une cinquantaine pour la récolte. Ici est une fête qui réunit la famille et les amis. Tout le monde participe dans la bonne humeur. On commence par la cueillette du matin, puis le déjeuner et le soir un apéritif avec barbecue et beaucoup de bon vin. »
L’ivresse et la convivialité créeront-elles de nouvelles vocations ? En tout cas chez les Quastana, Jean, le frère, s’apprête à rejoindre Jérémy pour développer le domaine.


 Les 400 coups
42, rue Saint Lubin – 41000 Blois
Tél. 06 77 55 07 70


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