Leveur de rideaux

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Niché au cœur du quartier Blois-Vienne, le théâtre Monsabré ressuscite grâce à son bouillonnant régisseur. Rencontre avec Jean-Jacques Adam, personnage original qui savoure sobrement le plaisir d’avoir enfin trouvé le lieu pour vivre ses rêves.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 25 octobre 2015

« Une salle comme ça on n’en trouve plus ! », ne cesse de répéter Jean-Jacques Adam entre deux grands éclats de rire. Certains comédiens qui débarquent au théâtre Monsabré, un peu par hasard, avouent y trouver des odeurs de poussière comme autrefois ainsi qu’un inimitable cachet. Venu jouer Vilar au miroir en avril 2014, Christian Gonon, sociétaire de la Comédie-Française, lui aurait soufflé à l’oreille : « Surtout, garde-la comme elle est, cette salle, avec son odeur… On n’en a plus, des salles comme ça à Paris ! »

Moquette et fauteuils en velours rouge comme autrefois, strapontins en bois numérotés d’époque, scène au plancher d’origine et trou du souffleur resté intact : la salle est dans son jus. Celui du début des années 50, époque où elle fut reconstruite par Georges Richard, curé du quartier, sur les ruines d’une partie de l’école Sainte-Marie Monsabré.


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Un jour de septembre 2011, Jean-Jacques Adam vient d’inscrire ses enfant à l’école et voilà qu’il est reçu dans un théâtre ! Il est tout de suite captivé par l’atmosphère de cette salle. « Je me suis demandé ce que c’était que ce truc au sein l’école, se rappelle-t-il. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Cela m’a rappelé mon adolescence et la réouverture du Club des jeunes de Lumigy (Seine-et-Marne) avec mes potes ».

Du Club des jeunes à Fun radio

Jean-Jacques Adam ©ARP

L’homme a du bagout, de l’énergie à revendre et beaucoup de temps. Les séquelles de deux accidents de travail ont en effet fini par le classer en invalidité. Il est né et a grandi à Marne-la-Vallée bien avant que Mickey et sa bande n’y posent leurs balises. De 1984 à 1994, il s’installe à Dreux et participe à l’émergence de Fun radio en tant que jeune animateur provocateur et un peu décalé. « Une époque formidable, on faisait ce qu’on voulait avec très peu de moyens » s’enthousiasme-t-il. « Je dormais sous les bacs à disques et je faisais du 24 h/24. » Il rencontre alors beaucoup d’artistes, débutants, confirmés, « des bons et de nazes » comme il dit. Cette expérience lui a fait entrevoir immédiatement la potentialité de ce vieux théâtre.

En deux temps trois mouvements, il crée l’association Théâtre Monsabré, monte un projet et persuade la Fondation Victor Dillard — Enseignement catholique, propriétaire du bâtiment — de redonner à cette salle sa vocation première de lieu de spectacle.
Après une remise aux normes, Monsabré rouvre ses portes lors des Journées européennes du patrimoine 2013. Ce jour-là, Le Dernier Métro de Truffaut y est projeté et le public envahit la salle.

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La programmation démarre véritablement en mars 2014 et depuis, le théâtre s’anime tous les week-ends. Le bouche-à-oreille fonctionne et la salle ne désemplit pas. En un peu plus d’un an, elle a réussi à se faire une place sur la scène locale. « Je privilégie les artistes locaux, mais tout le monde est le bienvenu ici », lâche Jean-Jacques.

Bientôt des têtes d’affiche

Au programme, pour le moins éclectique, des spectacles en tout genre, théâtre, cabaret, bals, concerts rock, blues, classique ou jazz. Monsabré commence à se faire un nom et reçoit des demandes de tourneurs. « Certains artistes recherchent des salles en province pour tester leur spectacle avant de le jouer à Paris. Ça peut nous emmener quelques têtes d’affiche », poursuit le maître des lieux.
Encouragé par la bonne fréquentation de la salle, il veut y programmer des cycles cinéma et ciné-concerts autour des vieilles gloires du show-biz et ouvre la salle aux cours de théâtre et musique.

La méthode Jean-Jacques Adam a du bon et les artistes apprécient cette convivialité. Le public s’est approprié ce petit théâtre de quartier avec aux commandes un personnage pas comme les autres à qui l’on offrirait un rappel bien mérité.


Théâtre Monsabré
11, rue Bertheau. Blois.
www.theatremonsabre.com


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