Triforium de l'Eglise Saint-Nicolas de Blois

Église Saint-Nicolas : joyau réclame mécènes…

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Les travaux de restauration de l’église Saint-Nicolas de Blois, œuvre emblématique de transition romano-gothique bâtie aux XIIe et XIIIe siècles, ont été lancée en décembre 2020. Divisés en cinq tranches, le chantier devraient durer jusqu’à fin 2025 pour un budget de 3,3 M€. Une première campagne de mécénat populaire incite les Blésois à contribuer en apportant leur pierre à l’édifice.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 1er avril 2021

Quelle histoire ! Celle de l’église Saint-Nicolas, à Blois, est racontée par Jean-Paul Sauvage, historien et responsable des archives diocésaines. « Lorsque Louis XIV nomma David-Nicolas de Bertier premier évêque de Blois en 1697, le diocèse venait d’être créé et il fallait trouver une église digne de devenir cathédrale. Celle des Bénédictins de Saint-Laumer (actuelle église Saint- Nicolas), avec ses bâtiments et ses jardins, parut la plus apte. »
« Cependant, le prieur du monastère et la vingtaine de moines qui l’occupaient s’alarmèrent et firent valoir que l’église était dans un faubourg rempli de cabarets, et qu’elle était peu logeable. Le choix s’arrêta donc finalement sur l’église paroissiale de Saint-Solenne, devenu Saint-Louis. »

Aujourd’hui, le quartier du Foix n’a plus rien du faubourg bouillonnant de la fin du XVIIe siècle. Il abrite toujours de modestes maisons mais les demeures bourgeoises se multiplient et les commerces se font rares. L’abbaye Saint-Laumer, transformée en Hôtel- Dieu à la Révolution, a été déclassée et va être vendue pour laisser place à un vaste programme immobilier. Quant à l’église Saint-Nicolas, propriété de la ville, elle bénéficie depuis ce début d’année d’une restauration minutieuse.

1,8 M€ à trouver

« Des filets de protection étaient déjà en place lors de mon installation en 2018 », assure Sébastien Neuville, curé de la paroisse. « Une fragilité repérée bien plus tôt encore, lorsque des bouts de pierre ont commencé à tomber de l’aile ouest à la suite de l’écrasement du triforium », renchérit Jean-Paul Sauvage. Des faiblesses confirmées par l’étude préliminaire de l’édifice, qui présente aujourd’hui des défauts de stabilité des murs, un mauvais état des maçonneries des soubassements, un état de vétusté avancé de la nef avec des fissures, des fracturations et des infiltrations d’eau dans les maçonneries et les combles qui provoquent un affaissement. La Ville a donc décidé de mettre en place une campagne pluriannuelle de travaux pour pallier les dégradations les plus urgentes.


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Complexe sur le plan technique, le dossier l’est aussi sur le plan financier. Le coût des travaux est estimé à 3,3 M. Une somme impossible à réunir pour la mairie. L’église étant classée aux Monuments historiques, l’État lui viendra en aide à hauteur de 340 000 , soit 10 % de l’enveloppe globale. La Fondation Sisley-d’Ornano apportera 550 000 , tout comme la Ville. Pour trouver la somme restante de 1,8 million, la mairie fait appel au mécénat d’entreprise et à la générosité des particuliers par le biais de la Fondation du Patrimoine. L’organisme privé a lancé une première campagne de mécénat populaire et incite les Blésois à contribuer en apportant leur pierre à l’édifice.


Quel projet pour l’Hôtel-Dieu ?
Le projet porté par la majorité municipale de Blois s’empare des 12 000 m2 du bâtiment de l’ancienne abbaye Saint-Laumer (Hôtel-Dieu de 1795 à 1978), situé quai de l’Abbé-Grégoire, pour le transformer en un vaste complexe où se mêleraient 80 logements et un espace dédié au peintre Bernard Lorjou. Une association milite pour garantir la sauvegarde de l’intégrité de ce site historique, qui comprend l’église Saint-Nicolas.

« Le site porte une identité forte à laquelle les Blésois sont attachés, explique Xavier Anquetin, coprésident de l’association Les amis de l’Hôtel-Dieu. Les architectes des Bâtiments de France veilleront à protéger les extérieurs de l’édifice, mais à l’intérieur se trouvent des pièces des XIIe et XIIIe siècles, un cloître daté des XVIIe et XVIIIe siècles et des escaliers en pierre monumentaux. Il faut absolument les préserver. Avec celui de Vendôme où s’installent Vuitton et l’abbaye de Pontlevoy, l’Hôtel-Dieu de Blois fait partie des bâtiments abbatiaux qui accueillirent des moines bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. Tous ces patrimoines sont à protéger. »


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