À la Vacquerie, le jardin se partage

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Ils s’appellent Anne-Lise, Agathe, Arthur, Julien, Cédric et Thomas. Depuis près de six mois, ces curieux de tout ce qui touche de près ou de loin à l’écologie manient régulièrement râteaux, fourches et grelinettes pour entretenir un lopin de terre niché à la Vacquerie, dans le quartier Vienne à Blois. Entretenir ? Le mot est faible, tant ce terrain, situé en entrée de ville, regorge de projets plus chatoyants les uns que les autres.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 30 octobre 2018

Urbaniste et animatrice-jardinière, Anne-Lise Delabruyère est à l’origine d’une activité de création-animation de jardins partagés et pédagogiques. Avec Agathe, Arthur, Julien, Cédric et Thomas, elle fait partie du collectif des Métairies du pont Saint-Michel. Six jeunes qui veulent « changer le monde » en créant un site agriculturel expérimental où l’on ne jure que par le partage, le contact humain et l’engagement personnel.
« Dans les organisations classiques, les jeux de pouvoir sont monnaie courante », assure cette jeune femme énergique et déterminée. Avec le collectif, nous militons pour un modèle où l’on trouve de la bienveillance, de la convivialité et du partage. »

Après plus d’un an de gestation, le projet des Métairies s’est posé sur une portion des terres de la Vacquerie dans le quartier Vienne. Ce site, d’une douzaine d’hectares, devait à l’origine accueillir un écoquartier, avant que la révision du Plan de prévention des risques inondation n’en fasse une zone inconstructible. L’intercommunalité décide alors d’y installer des exploitations agricoles traditionnelles ponctuées d’espaces verts. Les mares, courbes et recoins des 2,7 hectares des Métairies du pont Saint-Michel s’avèrent trop contraignants pour une exploitation mécanisée. Les pouvoirs publics accordent les droits d’occupation au collectif des Métairies pour une durée d’un an renouvelable deux fois. « À la suite de ces trois ans, si les objectifs définis sont remplis, entretien paysager du site, implication des riverains, création d’activités économiques, le projet pourra se pérenniser avec la signature d’un bail », explique Anne-Lise.


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En attendant l’implantation du jardin maraîcher (5000 m2) pour une production en circuit court en partenariat avec des restaurateurs locaux, du jardin pédagogique (2200 m2) et de l’agora (4200 m2), support d’événements festifs et culturels, ils sont une petite dizaine chaque samedi à s’activer au jardin partagé (3300 m2).
Ce lieu de proximité et de mixité, travaillé en commun, se transforme progressivement en jardins, affirmant sa dimension sociale, collective, participative, éducative et écologique. Chacun peut donc devenir membre, pour jardiner, mais aussi juste pour s’y promener, s’associer à un projet ou créer du lien…

« On participe à bâtir un monde meilleur pour nous et nos enfants tout en aidant les nouvelles générations à voir les choses différemment. » Pas de rêves de grandeur, mais un désir de rester cohérents, fidèles au développement durable qu’ils cherchent à promouvoir : « on veille nous-mêmes à travailler de façon responsable et à faire de la qualité, car sinon ça ne sert à rien », conclut Anne-Lise.

Par-delà le développement durable

Le projet des Métairies du Pont Saint-Michel est né de la rencontre de jeunes professionnels se retrouvent autour de valeurs et centre d’intérêts communs.

L’environnement tout d’abord avec la volonté de participer à la préservation et à la valorisation des ressources naturelles. Et cela en sensibilisant aux enjeux alimentaires actuels en essayant de favoriser l’accès du plus grand nombre à des produits alimentaires biologiques, locaux et de qualité à un prix juste.
La culture et le patrimoine ensuite en tentant de préserver et valoriser le patrimoine local, être à l’écoute du lieu et de ses habitants pour interroger l’identité du quartier pour mieux s’ouvrir aux autres.

La coopération enfin en articulant les compétences professionnelles et les envies de chacun tout en conservant une protection sociale grâce au système coopératif.

Le choix du site de la Vacquerie est en parfaite cohérence avec ce projet. Situé entre ville et campagne, il rehausse l’identité périurbaine de la zone et participe à la mise en valeur de l’entrée de ville. Son aménagement constitue un « projet ressource » à l’échelle locale comprenant des aspects agricoles, viviers et de lieu de rassemblement. Enfin, le projet s’inscrit dans les orientations économiques données par Agglopolys en y ajoutant une plus-value sociale et paysagère.


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