Émilie Menuet, en marche vers l’Olympe

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Marcher fait partie des choses qu’on ne calcule pas : un pied devant l’autre sans réfléchir. Ce geste naturel il y en a qui en abusent. Depuis maintenant dix ans, Émilie Menuet pratique la marche athlétique sept jours sur sept, quatre heures par jour… au minimum !

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 12 septembre 2018, mis à jour le 6 avril 2020

Portrait en studio d'Emilie Menuet. Photo ARP
Emilie Menuet – Photo ARP

Si vous faites un footing à ses côtés, elle vous laissera sur place, rien qu’en marchant. Vitesse de pointe 14 km/h. « J’aime ce geste qui est à la limite de la course et de la marche, le fait d’être comme sur un tapis roulant, de glisser sur le sol », explique Émilie Menuet. Elle fait partie de ces athlètes qui ont sorti leur sport, la marche athlétique, de l’anonymat.

Cette discipline demande beaucoup de technique, un physique au top et une satanée dose d’abnégation. « On a deux obligations sous peine de disqualification », fait remarquer l’athlète blésoise. Il doit toujours y avoir un pied en contact avec le sol et la jambe doit être tendue à partir du premier contact avec le sol jusqu’à ce qu’elle se trouve en position verticale. Les bras servent à équilibrer et rythmer la cadence. Reste à trouver la bonne formule au niveau du mouvement du bassin. »

Un sport atypique, exigeant et rigoureux…

Cette technique qui s’apparente à la démarche chaloupée des Australopithèques type Lucy, n’est pas toujours facile à affronter. « Au début, on a un sentiment partagé, car la technique amuse beaucoup les gens », reconnaît Émilie. Mais aujourd’hui, elle est plutôt fière de pratiquer un sport atypique. « On n’est que très peu de marcheurs, donc on a l’impression d’être un ambassadeur de son sport. Maintenant, je suis contente de montrer que la marche athlétique existe. Je préfère oublier les désormais rares moqueries. Elles sont largement compensées par les nombreux encouragements que je reçois lors de mes entraînements ou des courses. »

Jeune femme discrète, humble, mais déterminée Émilie Menuet marche depuis plus de 10 ans. « Avec l’AJ Blois Onzain, nous disputions le championnat interclubs d’athlétisme. Il fallait aligner une athlète par épreuve et j’ai essayé la marche. Une tentative couronnée de succès. L’avantage, c’est que c’est un sport où l’on progresse très vite. Il y a beaucoup moins de densité que sur le demi-fond, donc les résultats viennent plus facilement. »

À 26 ans, elle a déjà un joli palmarès, record de France junior sur 10 km et championne de France sur 20 km. Elle marche désormais après les Jeux olympiques de Tokyo. Mais gare à la faute, ce sport est exigeant, rigoureux. Le geste doit être parfait. Voilà pourquoi, après une méritoire quinzième place aux championnats d’Europe d’athlétisme 2018 à Berlin en août dernier, elle relativise la portée de cette expérience.

Car son objectif est de participer aux prochains Jeux de Tokyo en 2021.  Elle aura alors 29 ans, l’âge d’or pour une marcheuse. D’ici là, Émilie a la force et l’envie d’avaler 100 kilomètres par semaine.

PARCOURS
2016 : Premiers Jeux olympiques à Rio
2015 : Record de France du 5 km marche en 21 min 41 s 72.
2015 : Premier championnat du monde senior à Pékin
2014 : Championne de France du 20 km
2010 : Record de France junior du 10 km marche en 47 min 26 s.


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