Ukraine, un an de guerre mondialisée

Partage

Ce vendredi 24 février marquera le premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par les forces russes. Le conflit avait commencé en 2014 avec l’annexion de la Crimée et l’assaut sur la région du Donbass, mais il est entré dans une phase à grande échelle bouleversant l’ordre mondial avec l’agression de février 2022.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 23 février 2023

L’échec de « l’opération militaire spéciale » pour prendre Kiev en quelques jours s’est transformé en une longue guerre avec des centaines de milliers de victimes et d’énormes destructions dans le pays attaqué. Une offensive ambitieuse prévue par le Kremlin pour ce printemps a contraint les alliés occidentaux de l’Ukraine à amplifier leur aide militaire. En visite dans la capitale ukrainienne, le président américain a annoncé la livraison de nouveaux armements, réaffirmant le soutien indéfectible de son administration à l’Ukraine et estimant que « la guerre de conquête » de Moscou est « en train d’échouer ».

L’agression brutale de Vladimir Poutine a provoqué une réaction immédiate des démocraties occidentales, qui ont d’urgence tissé de multiples accords face à ce qui était alors une violation intolérable du droit international. Avec Joe Biden à la Maison-Blanche, la réponse commune de Washington et Bruxelles, en cohérence avec les démocraties d’Asie/Pacifique, s’est concrétisée par une large série de mesures d’aides militaires et financières à l’Ukraine et des sanctions contre la Russie. Au sein de l’Union européenne, les partenaires sont restés unis et ont même étendu leur périmètre d’action en allouant, par exemple, des fonds pour appuyer la riposte militaire de Kiev.

Par ailleurs, l’invasion a clarifié les termes de l’alliance entre la Russie et la Chine, qui avait pris forme dans une déclaration d’amitié publiée quelques semaines seulement avant l’attaque russe. Ce pacte annonçait des relations bilatérales « sans limites ». La réalité en est tout autre : la Chine n’a pas voulu prendre des mesures de soutien direct à la Russie qui pourraient déclencher une réaction de l’Occident. Maintenir la fluidité des échanges avec les démocraties prospères lui important davantage que d’aider son partenaire impérialiste. Bien que Pékin ait parfois donné un peu d’oxygène au Kremlin, la vérité est qu’il s’agit clairement d’un lien de subordination et de dépendance de l’État russe vis-à-vis de la Chine.

Il existe également une constellation hétérogène de pays non alignés qui observent l’évolution du conflit avec méfiance. La résolution condamnant l’invasion à l’Assemblée générale des Nations Unies a été certes approuvée à une majorité écrasante, mais le nombre de gouvernements prêts à sanctionner la Russie est bien plus restreint. Dans cette fragmentation de la scène internationale, un fossé se creuse entre l’Ouest et les pays dits « du Sud global » qui refusent de choisir leur camp, considérant que ce conflit est avant tout européen. Des voix s’élèvent pour appeler d’urgence à la paix, pointant le risque d’escalade et l’instabilité économique et sociale qu’elle entraîne, voire reprochant à l’Occident une implication grandissante dans la guerre.

Toute personne sensée partage ce désir de paix. Un chemin de sortie de crise par les voies diplomatiques ne peut en aucun cas être exclu. Mais ce que nos démocraties ne peuvent nullement s’autoriser, c’est d’abandonner l’Ukraine à son sort. Et cela alors que Poutine, seul responsable du déclenchement de la guerre, ne montre aucune intention de renoncer aux armes et cherche des moyens supplémentaires pour lancer une nouvelle offensive. Face à un inquiétant panorama de destruction qui ne présente aucun signe d’apaisement, l’unique façon d’y répondre efficacement est d’intensifier le soutien à Kiev et au plan de paix proposé par le président Zelensky.


Partage