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Nicolas Sarkozy, Les Républicains et les affaires…

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La condamnation de Nicolas Sarkozy a suscité la stupéfaction et l’émoi au sein du parti Les Républicains (LR).

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 25 mai 2023

Dans le cadre de l’affaire « Azibert-Bismuth », l’ancien président a été condamné en appel, à trois ans de prison dont un an ferme et à l’interdiction de ses droits civiques pendant trois ans. Le patron du parti, Éric Ciotti, s’est dit « peiné », tandis que de vieux compagnons de route se sont insurgés contre la sévérité de la sanction. Mais cette empathie manifeste envers l’apôtre de la « droite décomplexée » a mis en évidence le silence éloquent d’autres pointures de LR. Celui de la candidate malheureuse à la présidentielle de 2022, Valérie Pécresse, qui avait attendu, en vain, le soutien de l’ancien chef de l’État. Comme celui de Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, pressenti pour se lancer dans la compétition de 2027.

Cette nouvelle condamnation de l’ancien président pour corruption et trafic d’influence – il a annoncé se pourvoir en cassation – montre que la justice en France ne reconnaît ni privilèges ni impunité, pas même au sommet de l’État. En même temps, cela témoigne que le pays affronte un problème structurel. Certes, M. Sarkozy est le premier ancien président de la République condamné à de la prison ferme (sa peine serait aménagée et il devrait porter un bracelet électronique). Son ancien mentor et ex-chef d’État Jacques Chirac s’était, lui, vu condamner à deux ans de prison avec sursis dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris à l’issue d’un procès historique en décembre 2011. Deux des quatre derniers chefs d’État ont ainsi été rattrapés par la justice.

Cité à divers titres dans plusieurs affaires politico-financières, M. Sarkozy a bénéficié d’un non-lieu dans le dossier Bettencourt et dans celui des pénalités pour le dépassement du plafond de dépenses de la campagne de 2012 réglées par son parti, l’UMP. Il a été mis hors de cause au nom de l’immunité présidentielle dans l’affaire des écoutes de l’Élysée tout comme dans celle d’abus de confiance dans l’arbitrage Bernard Tapie – Crédit lyonnais. En revanche, il a été condamné en première instance pour les Comptes de la campagne de 2012 (Bygmalion) et en première instance et en appel pour les écoutes Azibert-Bismuth. Enfin, le Parquet national financier (PNF) a requis son renvoi en correctionnelle dans l’affaire des soupçons de financement présumé avec de l’argent de la Libye de Mouammar Kadhafi pour la campagne électorale victorieuse de 2007.

Pour autant, l’ancien président n’est pas ostracisé et ne souffre pas d’une quelconque marginalisation sociale, au-delà du fait que sa carrière politique semble définitivement enterrée. Les Républicains, trop occupés à « essayer d’exister », ont tourné la page « Sarko ». Après avoir montré des divisions internes sur la réforme des retraites, ils tentent de reprendre la main sur l’immigration et proposent une modification de la constitution au mépris des engagements européens.

En coulisses, Emmanuel Macron l’écoute et sollicite ses conseils. L’ex-chef d’État appelle M. Macron à tendre la main aux députés de sa famille politique (LR) et invite ces derniers à accepter un rapprochement avec le parti du président en vue d’une coalition. Plaidoyer vain ! Sur le plan des affaires, son nom figure dans plusieurs conseils d’administration de grands groupes, AccorHotels et Lagardère notamment. Ce n’est pas une situation atypique en France. En matière de probité des élus et de comparution au tribunal, mieux vaut être un élu tricolore que celui d’un pays de l’Europe du Nord où la sévérité est d’un tout autre niveau. D’autant plus que le PNF enquête toujours sur l’éventuelle implication de M. Sarkozy dans la désignation du Qatar comme pays organisateur de la Coupe du monde.

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