Ressourcerie “Les bonnes manières”, le temple de la récup’ à Blois

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Bienvenue au temple de la récup ». À la ressourcerie des bonnes manières, salariés et bénévoles dépoussièrent les vieux objets, fringues et autres bibelots pour les revaloriser façon Do It Yourself ou les revendre. La devise de l’association : « jeter moins et consommer mieux ».

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 5 août 2018

Petites robes et chaussures d’été, chaînes hi-fi et frigos, meubles et plats à tajine… La boutique de la Ressourcerie Les Bonnes Manières, avenue Wilson en Vienne, est le paradis des acheteurs d’occasion. Pourtant, tous ces objets ont un point commun : à un moment de leur existence, ils ont failli basculer dans le monde obscur des déchets.

Quelques bacs pleins des câbles, des cartons de vaisselle et une montagne de sacs de vêtements envahissent l’entrée de cet ancien local artisanal de 250 m2. « Un vieil ordi, des livres, des bibelots… Avez-vous, chez vous, des choses qui ne sont plus utiles, demande Murielle L’Hernault, responsable du site et cofondatrice de la ressourcerie ? Nous les récupérons pour faire de la prévention contre les déchets. S’ils sont en bon état, on les revend à la boutique, juste à côté. Sinon ça emprunte les filières de collecte sélective et en tout dernier ressort à la benne. »


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Ainsi, une fois triés, ces trésors passent entre les mains de « techniciens du réemploi ». Yvan Flamand, bénévole de la première heure, ausculte une vieille chaîne Hi-Fi. « Je vérifie si l’objet est apte au service. Lorsqu’une fonction ne marche pas, ça part direct au recyclage », dit-il. À ses côtés, Christian teste un vieil ordinateur, et au milieu d’un grand capharnaüm apparent, Annie range des vêtements.

Un bénévole répare un ordinateur à la Ressourcerie “Les Bonnes Manières” à Blois
Murielle L’Hernault, co-fondatrice de la ressourcerie de Blois

Action sociale et conscience environnementale

Pourtant, tous les objets ne subissent pas le même traitement. Certains sont encore dans leur emballage d’origine. Mais la plus grande partie nécessite un coup de chiffon ou un tour de vis avant d’être revendue en boutique à un tarif solidaire et retrouver ainsi une seconde vie. C’est une forme de recyclage classique. D’autres sont « surcyclés ». On transforme une montagne de boites de cassettes VHS en comptoir avant-gardiste ou en petit mobilier lors d’un atelier Do It Yourself.

« Le réemploi est écologiquement plus compatible que le recyclage. Pas besoin de camion pour le transport ni d’énergie pour chauffer ou traiter la matière », explique Cédric Marmouse, enragé du gaspillage et chargé de développement. Avec Murielle, ils se fixent surtout une mission de sensibilisation : « Ce n’est pas de l’écologie, c’est du civisme, de l’éducation urbaine ! Les villes coupent la circulation en raison des pics de pollution et de l’asthme, et nous on continue à produire et à acheter n’importe quoi ? »

« Nous contribuons au changement de regard que société porte sur les déchets, en suggérant qu’il s’agit d’une ressource plutôt que d’un rebut dont il faudrait se débarrasser », renchérit Cédric. « Nous voulons aussi et surtout que les gens se rendent compte de la folie de la surconsommation dans laquelle nous baignons. » 

L'entrepôt de la ressourcerie entasse des milliers d'objets que des bénévoles s'apprêtent à nettoyée avant de les mettre en vente.
Cédric Marmouse à la ressourcerie Les bonnes manières

Sensibiliser à la consommation responsable

Récupérer, trier et valoriser, vendre à petit prix et sensibiliser. Une ressourcerie répond à ces quatre missions. Aux « Bonnes manières », la collecte s’effectue par apport volontaire. Les objets sont ensuite triés, nettoyés, vérifiés et mis en vente. Chaque portefeuille peut y trouver son bonheur. Et en effet, dans cette caverne d’Ali Baba on peut dénicher à la fois des romans, des jouets, des vêtements, de la vaisselle, des BD, des meubles… Bref, de quoi relooker son appart et s’habiller avec goût.

Mais la mission capitale, c’est la sensibilisation. Les quatre salariés et la dizaine de bénévoles partagent avec le public les enjeux et les problèmes posés par l’augmentation des déchets, l’impact de l’achat systématique de produits neufs et l’importance du recyclage.

Un an après son ouverture, Les Bonnes manières ont déjà valorisé 35 tonnes d’objets en tout genre et en ont collecté (donc sauvé des sacs poubelles) 40 tonnes. « Ce n’est quand même pas rien », lâche Cédric Marmuse. C’est dans cette idée d’éviter la benne que l’association propose régulièrement des ateliers pour détourner de vieux bibelots et les convertir en petits chefs-d’œuvre du DIY.
Vous l’aurez compris, rien ne se perd, tout se transforme, et c’est tant mieux. Surtout quand la créativité s’en mêle


Écologie Populaire

L’association Les Bonnes manières a été crée en avril 2016. À sa tête Marie Noëlle Tiberj, jeune retraitée très impliquée dans le milieu associatif. Mais ce sont Murielle L’Hernault et Cédric Marmuse, forts tous deux d’expériences en économie sociale et solidaire qui en sont à l’origine. Leur projet, ouvrir une ressourcerie dans le quartier Vienne avec pour objectif de réduire les déchets sur le territoire d’Agglopolys.

La centaine d’adhérents, les fondateurs devenus salariés et les bénévoles de la ressourcerie œuvrent à ce qu’ils qualifient d’écologie populaire. « L’association porte l’idée de convergence entre motivations sociale et environnementale », rappelle Marie-Noëlle. « Néanmoins, notre unité de mesure est de quantifier le poids de ce que l’on récupère et de ce que l’on valorise. Bref, ce que l’on sauve de la benne. »


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