La crise, pire que la COVID ?

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Infiniment moins touché par la pandémie que le Territoire de Belfort, le Haut-Rhin ou la Moselle, le Loir-et-Cher se laisse pourtant gagner par l’inquiétude. Sous la crainte légitime d’une seconde vague automnale de l’épidémie de Covid-19 se cache une autre angoisse, plus prégnante : celle des conséquences économiques et sociales qui risquent de frapper violemment ses 330 000 habitants. 

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 9 juillet 2020

Une panoplie de mesures à court et à moyen termes pour « répondre à la crise » après la pandémie qui a frappé le pays : c’est ce qu’a présenté Nicolas Perruchot, président du Conseil départemental de Loir- et-Cher, lors d’une conférence de presse, jeudi 11 juin. Partant du constat que la reprise de l’activité depuis le début du déconfinement restait encore partielle et inégale selon les secteurs, il a appelé à « une prise de conscience et à la mise en place d’un plan ambitieux de relance économique ».

Très actif en matière de communication, Nicolas Perruchot a mobilisé ses services pour maintenir les permanences sociales, assurer l’accueil des enfants placés ou encore veiller à la sécurité du réseau routier. Il a aussi procédé au déblocage d’aides exceptionnelles aux EHPAD et aux services d’aide et d’accompagnement à domicile, à l’achat de 230 000 masques, 5 500 flacons de gel hydroalcoolique et a commandé 2 250 plaques en Plexiglas de protection à destination des commerces de proximité. Des mesures de terrain d’un montant de 11 millions d’euros. 


Voir aussi : Coronavirus, les images d’une ville confinée


Aéronautique et automobile en danger 

Cependant, en dépit de la mise en place du chômage partiel, le fonds de soutien aux indépendants et les plans d’aide sectoriels mis en place par le Gouvernement (automobile, tourisme…), le Département se prépare à subir de plein fouet les retombées négatives du quasi-arrêt de l’économie durant plus de deux mois. Un effet par ricochet perçu par l’élu comme assez inévitable.

« À l’heure du déconfinement, lorsqu’il ne s’agit plus seulement d’assurer la survie du tissu productif, mais de relancer l’activité, les sous- traitants de l’aéronautique et de l’automobile souffriront d’une baisse des commandes qui limitera leur capacité de rebond, assure Nicolas Perruchot. Certains seront bien plus affectés par ce plongeon de l’activité. Des pans entiers de l’économie ont été mis à l’arrêt durant la période de confinement et plusieurs centaines de personnes, très majoritairement en CDD et en intérim, ont perdu leur emploi. Cette flambée du chômage risque de se poursuivre durant les mois à venir et pourrait être aggravée si nous devions connaître une seconde vague automnale de l’épidémie. »

De quoi augmenter la pauvreté et la fragilité sociale. Pour l’heure, le versement du RSA est maintenu pour les 10 000 allocataires. « Une hausse a été anticipée et les sommes nécessaires à leur prise en charge – soit un peu plus de 6 M€ – approvisionnées, embraye le président du Département. « C’est une estimation provisoire susceptible d’être revue ultérieurement, car elle repose sur des hypothèses incertaines pour les années à venir. La marge de manœuvre budgétaire limitée ne permet pas d’encaisser ces chocs extérieurs et nous serons contraints d’augmenter l’emprunt d’équilibre en 2021. » 

Nicolas Perruchot, président du département de Loir-et-Cher lors d'une séance plénière en distanciel.
Nicolas Perruchot, président du département de Loir-et-Cher. Photo ARP

Les touristes français… viendront-ils en Loir-et-Cher ? 

Tout comme les finances publiques, l’économie du Loir-et-Cher est asséchée par la baisse du tourisme. Une manne de 200 M€ de retombées menacée par la chute de fréquentation due au coronavirus. Chambord, Chaumont, Blois… les grands sites touristiques vidés de leur clientèle internationale convoitent les Français qui ont prévu de passer leurs vacances estivales au pays.

Comme la plupart des territoires touchés par l’effondrement du tourisme marchand, le département multiplie les initiatives afin de sauver, autant que possible, cette part substantielle de ses revenus. Ainsi l’Agence de développement touristique a lancé un plan d’1 M€ en direction des acteurs du secteur. Avec deux axes principaux : accompagner l’hôtellerie de plein air et promouvoir la destination « Loir-et-Cher ».

Une campagne dans le métro parisien vante les atouts du département. « Évadez-vous en famille », suggèrent les affiches aux voyageurs de la gare d’Austerlitz. « Les touristes se déplaceront peu et pas très loin cet été. Il est important de convaincre les Franciliens et plus largement les locaux de passer leurs vacances en Val-de-Loire et appeler à leur solidarité pour consommer sur leur territoire », explique David Hameau. Le directeur de l’office de tourisme Blois-Chambord ne craint pas l’intensification de la concurrence entre régions dans ce contexte très particulier.

Pourtant, elle est bien là : la Bretagne recourt aussi à la réclame et l’Occitanie propose un million de trajets en TER à… 1 € ! Mais aucune collectivité n’a osé aller aussi loin que les départements de Charente et de Charente-Maritime. Ensemble, ils émettront 10 000 bons d’une valeur de 100 € à destination des touristes.

Marketing agressif et promotions en opposition aux campagnes de communication institutionnelles, les stratégies des territoires diffèrent et rivalisent d’ingéniosité. Quoi qu’il en soit, une certitude se dessine déjà : le scénario d’un retour à la croissance, de la poursuite de la baisse du chômage et de la maîtrise des déficits paraît sérieusement compromis. D’autant plus que selon les estimations de la Banque de France, l’économie française ne retrouvera son niveau d’avant Covid-19 qu’à la mi-2022… 

Une femme attend patiemment son tour à l'extérieur de la boulangerie.
Seuls les commerces alimentaires restent ouverts. Photo ARP

EN CHIFFRES 
13M€ ont été versés à 5 883 entreprises au titre du fonds de solidarité, 33 500 salariés sur 77 000 que compte le département ont bénéficié du dispositif de chômage partiel pour un montant de 19,7 M€, soit deux millions d’heures de travail indemnisées, 273 M€ en prêts d’honneur garantis par l’État ont été versés à 1 296 entreprises par la BGE. 
Source : Direccte Centre (chiffres au 31 mai 2020) 


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