Jour de dépassement, l’inflation écologique !

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Depuis le 28 juillet, l’humanité vit à « crédit écologique ». Selon les calculs livrés par le think tank Global Footprint, qui compile quinze mille données officielles de deux cents pays, nous consommons plus de ressources naturelles que les écosystèmes ne peuvent en produire au cours d’une année.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 4 août 2022

Chaque année plus précoce, la date fatidique arrive un jour plus tôt qu’en 2021, confirmant que l’accalmie provoquée par la crise sanitaire a été un épisode éphémère. Elle met en évidence la disparité entre nations. La France figure parmi les mauvais élèves, se classant au 97e rang pour son empreinte écologique. Si l’ensemble de la planète consommait comme des Français, le jour du dépassement aurait été atteint dès le 5 mai. Et cela remet en question notre volonté de modifier nos comportements pour vivre en respectant les capacités écologiques de la Terre.

En réaction au « jour de dépassement », le Fonds mondial pour la nature (WWF) pointe notre système alimentaire qui « repose sur la destruction de la nature et les énergies fossiles », élément déterminant dans l’utilisation des sols. L’association estime que 55 % de la biocapacité mondiale est utilisée pour nourrir l’humanité. WWF rappelle que l’ensemble de la chaîne alimentaire est responsable de plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre et que l’agriculture utilise 70 % de l’eau douce. 

De plus, le secteur agricole, pourtant en crise et menacé par les canicules et les sécheresses, plaide par la voie des syndicats à s’industrialiser davantage et « produire plus pour nourrir le monde et assurer l’indépendance alimentaire de l’Europe ». Un modèle productiviste, polluant et déficitaire, qui valorise les grosses exploitations perfusées aux aides européennes. 

Alors, comment rendre la vie sur cette planète durable et obtenir rapidement des améliorations dans notre quotidien ?

À partir du « jour du dépassement », le WWF propose un scénario pour le retarder d’ici à la fin du prochain quinquennat et gagner 25 jours d’ici 2027. Cela impliquerait la planification et un financement assumé de la transition écologique avec des objectifs « plus ambitieux ». Notamment réduire de moitié l’utilisation de pesticides, parvenir à 25 % de terres cultivées en bio, baisser de 20 % la consommation de protéines animales… 

Au-delà de l’agriculture, ce scénario qui cible aussi les secteurs des énergies renouvelables, de la rénovation des bâtiments, du transport en commun et des véhicules bas carbone… créerait et pérenniserait un million d’emplois. Il permettrait en outre d’éviter plus de vingt mille décès causés par la pollution de l’air. Il préviendrait également des cancers en diminuant les protéines animales et plus particulièrement la viande rouge.

L’objectif peut sembler modeste. Mais pour décrocher ces vingt-cinq jours précieux en cinq ans (30 mai), nous devons agir et nous montrer volontaires. En l’absence de mobilisation, le couperet pour nous Français, tombera en 2023 deux jours plus tôt qu’en 2022, soit le 3 mai. En poursuivant notre vie à crédit, nous émettons plus de CO2 que la Terre ne peut en absorber, nous mettons en péril les forêts, les mers, l’agriculture et nous accentuons le déséquilibre en faveur du réchauffement. Qui a envie de vivre à crédit avec un taux usurier ? Remettons plus d’équilibre entre nous Humains et notre Terre.


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