Façade Nord du Château de Cheverny

Le Château de Cheverny à la conquête de tourisme raisonné

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Suspendue une nouvelle fois cet automne en raison de l’épidémie de Covid-19, la vie ne reprendra pas son cours que début février au château de Cheverny. Avec une perte de 50 % de sa fréquentation en 2020, le retour du public est une nécessité pour cet établissement privé. Après les pauses brutales imposées par la pandémie Charles-Antoine de Vibraye prépare son domaine pour un tourisme raisonné et multiplie les offres pour que les visiteurs reviennent différemment.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 20 décembre 2020

Le temps des files d’attente interminables, des bousculades dans la salle d’armes, le salon des tapisseries ou l’escalier d’honneur est peut-être révolu. Du moins provisoirement. A la mi-décembre, le château de Cheverny qui se préparait à rouvrir avant Noël, a accueilli avec une déception légitime la prolongation de la fermeture des lieux culturels annonce par Jean Castex. Le domaine ne devrait finalement voir le public fouler ses allées qu’à partir du 4 février prochain.

Et déjà son propriétaire pense à l’avenir conscient de devoir faire évoluer ses pratiques. « On ne rattrapera pas le terrain perdu, mais on fait revenir le public en veillant très attentivement à ce qu’il soit en sécurité sur le plan sanitaire. »

Le marquis Charles-Antoine de Vibraye sait combien il est important d’attirer des visiteurs et de maintenir les recettes de billetterie. Son Domaine de Cheverny et ses quarante-quatre salariés ont résisté au premier confinement grâce au chômage partiel et à un prêt garanti par l’État de 500 000 euros. La fréquentation atteignait 20 % du chiffre habituel lors de la réouverture le 30 mai. La baisse sera finalement de 50 % pour l’année 2020.

« Cette nouvelle alerte virale de novembre, qui aurait pu être dramatique, est fort heureusement advenu à une période où la fréquentation est basse et après des vacances de la Toussaint prospères. Voilà pourquoi je ne suis pas inquiet pour les finances de la maison et je crois qu’on peut envisager l’avenir avec une certaine sérénité », explique le marquis.

Pour un tourisme moins frénétique

Mais une remise en question pour éviter un retour au monde d’avant est, selon lui, inévitable et devra intervenir dès la fin de la crise sanitaire. « Aussitôt es vaccins distribués, il faudra agir de manière radicale ! Les cars au diesel, les bateaux de croisière et les appartements sur Airbnb… N’avons-nous pas atteint un moment décisif ? Un autre tourisme est possible et il faudra faire différemment en tenant compte des nouvelles mobilités internationales et de la réduction des visiteurs. »


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Cheverny, peu concerné par l’absence de touristes étrangers, peut compter sur la fidélité des Franciliens et des visiteurs de la région Centre pour compenser. Un public plus « raisonné », intéressé par des voyages fondés sur la durée où l’on passe plus de temps au même endroit.

Ralentir le rythme du tourisme est un moyen de faire émerger un monde dans lequel les voyageurs s’ancrent davantage dans les lieux par lesquels ils transitent. Pour ces voyageurs en quête d’expériences, Cheverny multiplie les possibilités : promenades insolites dans la partie forestière et sur le canal, plantation de vignes, exposition Tintin, équipage de Vénerie. Mais aussi des manifestations et week-ends thématiques et une offre d’hébergement avec des suites accueillant de deux à six invités.

« En proposant un grand nombre d’activités, les visiteurs viendront désormais au domaine de Cheverny sans se rendre forcement au château » veut croire Charles Antoine de Vibraye.  Et cela sera triplement génial, pour le public, pour le personnel et pour le monument ».

Le château dévoile la silhouette voulue par Jacques Bougier

Trois années de travaux auront été nécessaires pour redonner à la façade nord du château de Cheverny la silhouette du XVIIe siècle voulue par Jacques Bougier, son architecte. En septembre 2017 des ouvriers tapissent la façade nord avec d’énormes échafaudages. S’en suivent des travaux de dépose des anciens enduits et la taille de pierres. Puis, la remise en état général de la façade avec l’intervention de différents corps de métiers. Des tailleurs de pierre s’affairent à la tâche et utilisent à la fois des techniques des bâtisseurs de l’édifice et les technologies actuelles.

L’objectif ? Redonner au monument l’aspect qu’il offrait aux hôtes au XVII, dans le respect d’un cahier de charges très précis validé par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). « Alors qu’aucun document du XVIIe siècle ne représente le château, on sait que les murs s’étaient progressivement obscurcis », indique Charles-Antoine de Vibraye rappelant que ce chantier a dévoilé quelques secrets de la construction du monument.


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