Centre de la Résistance, pour se souvenir d’eux, toujours…

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À Blois, le Centre de la Résistance, de la Déportation et de la Mémoire réaffirme le rôle capital des déportés et résistants dans l’histoire de la ville. L’idée d’honorer leur mémoire est née en 1995. Elle se projette désormais vers l’avenir.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 18 octobre 2019

Christiane Hessel-Chabry a présidé à l’inauguration, début novembre, du désormais Centre de la Résistance de la Déportation et de la Mémoire. Devant une ribambelle d’élus et en présence de plusieurs fondateurs du musée de la Résistance et de la Déportation, ancêtre du Centre, Mme Hessel-Chabry s’est félicitée de l’ouverture d’un tel lieu de mémoire.

 « Les signes sont toujours les mêmes, ils sont reconnaissables et doivent être immédiatement combattus », a-t-elle déclaré devant une assistance recueillie. « C’est le message qui nous lèguent ceux qui nous ont précédés dans la lutte pour la dignité et pour la liberté ».

En référence aux mouvements obscurs qui ont ponctué l’histoire, l’épouse du résistent Stéphane Hessel, femme notamment engagée pour la cause palestinienne, a invité les nouvelles générations à « se dresser face à toute forme de xénophobie ».

Un nouveau souffle

Bâti dans le sillon du musée de la Résistance et de la Déportation et installé au pied du château, ce nouveau Centre propose une immersion dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale à travers les témoignages des Loir-et-Chériens.

Il perpétue aussi la mission qui fut celle du Musée de la Résistance première mouture, à savoir honorer la mémoire de ceux qui ont vécu les années sombres de l’Occupation. Né sous forme d’association le 8 mai 1995 à l’occasion du cinquantième anniversaire de la capitulation allemande, le Musée de la Résistance est repris en régie directe par la Ville de Blois en 2008.


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Mais depuis, l’association des Amis du Musée de la Résistance veille toujours au grain. « Depuis plus de vingt années, notre mission est de conserver et transmettre la mémoire de la Seconde Guerre mondiale. L’association contribue à l’animation du Centre, en respectant l’esprit des membres fondateurs », explique son actuel président Franck Prêtre. « Cela se manifeste évidemment par l’action mémorielle tout autant que l’action pédagogique. »

Dix ans après sa reprise, la Ville de Blois installe le Centre de la Résistance dans les anciens locaux d’Expo 41 achetés au Conseil Départemental. L’occasion de donner un nouveau souffle au Musée par la médiation pour le public scolaire et la formation citoyenne permettant de se pencher objectivement sur le passé.

Indignez-vous !

La nouvelle implantation en plein centre-ville s’est ainsi accompagnée d’une refonte du parcours de visite. Afin de mieux comprendre les enjeux de l’histoire locale, une frise chronologique la restitue dans son contexte national et international depuis 1918 jusqu’à la déclaration de guerre de 1939.

Puis c’est un voyage dans le passé sombre de Blois que l’on entame en plongeant dans l’exposition permanente. Celle-ci retrace la défaite traumatisante qui a entraîné la ville dans la tourmente des résistances jusqu’à la Libération en 1944. On y découvre entre autres, le trousseau de clés ayant servi pour la libération des patriotes incarcérés dans la prison de Blois, des numéros du « Patriote du Loir-et-Cher » imprimés dans la clandestinité, ou le trésor d’un déporté. En tout 180 objets et documents enrichis par des témoignages audio de déportés et Résistants.

Enfin, avant l’exposition temporaire intitulée « Les enfants de la résistance », l’espace conclusif évoque le programme du Conseil National de la Résistance et ouvre sur la signification d’être résistant de nos jours. « Des principes et des valeurs dont nous avons le plus grand besoin aujourd’hui », rappelle Stéphane Hessel dans son manifeste Indignez-vous !.

Ce nouvel espace présente ainsi moins d’objets et de photographies et plus d’animations numériques et pédagogiques. Un petit bémol toutefois par rapport au précédent site : ceux qui l’ont visité regrettent de ne pas retrouver toutes les collections du Musée de la Résistance ancienne version qui, dans une sorte de joyeux capharnaüm, transmettaient peut-être plus d’émotion aux visiteurs. Cette scénographie « nouvelle génération » déstabilise ainsi quelque peu les anciens.

Michel Duru ne fait pas toutefois pas partie de ceux-là. Pour ce résistant illustre, cofondateur du Musée de la Résistance, « il est tout à fait normal que l’on évolue. Nous étions auparavant sur les bords de Loire dans un lieu éloigné devenu exigu et surchargé. L’important est de poursuivre notre idée, de défendre nos libertés et de lutter contre l’oubli. »


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