L’exposition de Philippe Cogné à Chambord présente des paysages Google Earth emblématiques et tout un travail sur les vues depuis le TGV, des carcasses de Rungis et des portraits. L’occasion de découvrir la vision très personnelle du monde contemporain du peintre « au fer à repasser ».
Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 27 octobre 2014
Une soixantaine d’œuvres, toiles, aquarelles, dessins, de Philippe Cogné sont exposées sur les 600 m2 du deuxième étage du château de Chambord. Peintre contemporain à la technique artistique insolite, portant un regard singulier sur la réalité, il a choisi d’articuler la présentation autour du thème du portrait.
La coexistence de « véritables » portraits, de paysages, vues de train, tableaux réalisés à partir de Google Earth ou de natures mortes, poissons ou quartiers de viande, montre que tout intéresse l’artiste. Un arbre, un bâtiment, un bœuf écorché sont ainsi décrits, individualisés par la vision du peintre.
Des paysages vus du TGV
« Je voulais travailler sur la verticalité et l’horizontalité », nous explique Philippe Cognée. « Les paysages vus du train présentés à Chambord appuient le rapport que l’on a aujourd’hui avec cette vision latérale. Celle-ci produit une image que l’on oublie très rapidement et qui semble être la même du début à la fin du voyage. »
« Les paysages vus de Google Earth sont, comme ceux du train, dépourvus d’humanité. Ce sont deux paysages qui ne présentent pas de personnages, le premier parce qu’on se déplace trop vite, et celui de Google parce qu’il est trop vertical. C’était amusant d’apporter cette idée dans le château ! Et en opposition, sont exposés les portraits d’hommes et de femmes avec une force et une sensibilité très marquées. »
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Quelques œuvres inédites sont exhibées pour la première fois lors de cette exposition enrichie d’un film montrant le travail de l’artiste. Une technique qui lui est particulière. Philippe Cognée capture ses sujets en photographie ou en vidéo. Ces images, telles quelles, déconstruites ou réassemblées, sont ensuite projetées sur un support.
Pour réaliser son œuvre, il utilise une peinture à l’encaustique faite de cire d’abeille et de pigments de couleur. Il recouvre ensuite la toile peinte d’un film plastique sur lequel un fer à repasser chauffe la cire pour la liquéfier. Le film plastique, lorsqu’il est décollé, laisse à certains endroits des effets d’arrachage et l’image semble trouble et ensevelie sous la surface glacée.
« C’est une méthode que j’ai mise au point pour déformer l’image originale. Ce qui m’intéresse, c’est d’être à la fois, dans la précision et dans l’imprécision. De jouer en même temps, sur ces deux oppositions. Je pousse ce floutage, cette disparition d’image à son maximum. »
C’est un jeu plastique, mais c’est aussi un jeu sur le sens des sujets qui sont mis en évidence.