Inflation alimentaire, rayon de supermarché

Inflation alimentaire, printemps rouge

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L’inflation est sans doute le premier sujet de mécontentement. Pour 90 % des Français interrogés par l’IFOP, la maîtrise de la hausse des prix doit être une priorité pour l’exécutif. Ils sont aussi près de 80 % à penser que le gouvernement n’en fait pas assez malgré les 100 milliards d’aides publiques distribuées depuis deux ans.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 16 mars 2023

Selon l’INSEE l’inflation a rebondi de 6,2 % depuis un an, mais les produits alimentaires ont connu une envolée à deux chiffres, 14,5 %. Des augmentations liées encore aux prix de l’énergie, certes quelque peu détendus, mais qui restent à des niveaux élevés. Ces hausses ont été transmises aux produits alimentaires par un effet de diffusion.

Quant aux salaires, ils ont augmenté de 4 % en moyenne en 2022. Une perte de pouvoir d’achat global de 2 %, aussi bien pour les Français, et notamment les foyers les plus modestes qui habitent en zone rurale et les retraités, que pour les finances publiques du fait de la récession et des effets des boucliers successifs.

La question de la taxation des superprofits se pose dans ce contexte d’inflation des prix de l’énergie et de tension géopolitique extrême de guerre par procuration. Un débat que le gouvernement a écarté prématurément alors qu’il y existe un réel potentiel fiscal. Par ailleurs, la question du partage des richesses avec les salariés se pose également face à des tendances de bénéfices durables des grandes entreprises.

Et les Français dans tout ça ? Nous avions perdu l’habitude d’une telle augmentation des prix. Cela faisait quarante ans que nous maîtrisions l’inflation et que le rapport prix salaires était, lui aussi, relativement « satisfaisant » sans perte de pouvoir d’achat violente. Le choc est donc très rude. D’autant plus que la perspective d’un retour à la normale recule, tel l’horizon au fur et à mesure que nous avançons. Annoncé d’abord à l’été 2023, puis à la fin de l’année, il est fixé désormais au deuxième semestre, voire fin 2024. Nous n’allons donc pas en sortir de sitôt !

En pleine mobilisation contre la réforme des retraites, qui rassemble plusieurs centaines de milliers de personnes chaque semaine dans la rue, le gouvernement ne souhaite pas voir s’ouvrir un nouveau front social. Il y a pourtant un contraste saisissant entre la détermination de l’exécutif d’aboutir à la réforme des retraites et son attitude timorée de trouver des solutions efficaces pour juguler l’inflation.

Bien que la moitié de l’impact inflationniste ait été absorbée par le déficit public avec la mise en place de boucliers, des mesures moins efficaces sont apparues comme le chèque alimentaire pour les plus modestes sans cesse repoussé, puis le panier alimentaire anti-inflation dont les produits les composants seront laissés à la discrétion des grandes surfaces. Chacune concocte sa propre recette de potion anti-inflation en rayon alors que ce « panier » devait être constitué d’une cinquantaine de produits de première nécessité, dont les prix auraient été bloqués pour l’ensemble des distributeurs. Cependant, cette initiative a suscité une forte opposition de la part des enseignes et des agriculteurs, inquiets d’être victimes d’une guerre des prix.

C’est donc aux ménages d’absorber la perte de pouvoir d’achat alors que de nouvelles hausses se profilent à la suite des négociations, prévues fin juin, entre fournisseurs de l’agro-industrie et distributeurs, après une première tentative soldée sans accord début mars. Désormais, les Français privilégient une approche choisie, voire réfléchie, de leurs dépenses pour adapter leur consommation à la fois à leur budget et à leurs envies et misent davantage sur le numérique. Les artisans et commerçants de proximité s’attendent à une baisse importante de la demande.


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