Grand Corps Malade, Yes I Can…

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Grand Corps Malade se produira le 11 janvier à l’espace Beauregard à Monthou-sur-Bièvre, près de Blois.  Pour souffler sa première bougie, Tandem Accompagnement s’est offert le plus connu des slameurs français. Il interprètera ses plus beaux titres, et en avant-première, ceux de son dernier album “Funambule”.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 16 septembre 2015

“Eh, Tonton, est-ce que t’as regardé dehors ? Sur l’avenir de nos enfants il pleut de plus en plus fort. Quand je pense à eux pourtant, j’aimerais chanter un autre thème, mais je suis plus trop serein, je fais pas confiance au système. Ce système fait des enfants, mais il les laisse sur le chemin et il oublie que s’il existe, c’est pour gérer des êtres humains.” Ceci est un extrait d’un texte cosigné avec Richard Bohringer appelé “Course contre la Honte” qui figure dans «Funambule» le quatrième album de Grand Corps Malade. Les deux artistes y brossent le portrait d’une société inégalitaire entretenue par l’immobilisme politique. Leurs souhaits, créer le débat et soulever les consciences.

Ce nouvel album sera proposé pour la première fois sur scène le 11 janvier prochain à l’espace Beauregard, à Monthou-sur-Bievre, avant une grande tournée nationale. Car pour célébrer son premier anniversaire, l’association Tandem Accompagnement s’est offert les services du plus connu des auteurs et slameurs français.
Qui mieux que Fabien Marsaud, qui a pris le nom de scène de Grand Corps Malade, après un accident en 1997 pour souffler la première bougie de Tandem. L’association aide les personnes en situation de handicap à trouver leur place dans la société. Pour Mme Martineau, présidente de Tandem, “cet événement permettra au public de prendre conscience que le handicap ne constitue pas un frein pour s’accomplir.

Grand Corps Malade en apportera l’éclatant témoignage.” Ce banlieusard, né au Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis, a été victime à l’âge de 20 ans d’une chute qui faillit le priver de l’usage de ses jambes. Sa longue rééducation ne l’empêche pas de réussir ses études supérieures ni de propulser le slam en France. Et si l’emballement médiatique pour le slam est bel et bien terminé, Grand Corps Malade nous prouve avec son dernier album que son art poétique n’est pas un effet de mode et que sa vocation est de diffuser de la poésie au plus grand nombre.

Un album de rencontres


Sur ce nouvel album, Fabien crée la surprise en habillant ses textes avec des musiques programmées en posant sa voix sur des battements et des rythmiques se rapprochant par moment du rap comme dans “Spoken Word”. Il ose s’écarter de ce qu’il nous proposait habituellement tout en gardant quelques chansons piano-voix qui font sa marque de fabrique. Un album avec des collaborations nombreuses comme avec la chanteuse et comédienne camerounaise Sandra Nkaké sur le titre “Te Manquer”. Mais aussi avec Francis Cabrel, sur la chanson “La Traversée”.

C’est bien la première fois que Cabrel apparaît sur l’album d’un artiste urbain.
Mais l’invité de cet opus qui provoque la plus grande décharge émotionnelle est bien l’inattendu Richard Bohringer. Interprète magistral, Bohringer donne la réplique à Grand Corps Malade dans «La course contre la honte». Six minutes de réquisitoire contre un monde qui a vendu son âme à la finance au détriment de l’humanité et de ses valeurs fraternelles.
 Mais “Funambule” parle aussi d’amour. Grand Corps Malade nous emporte dans sa valse des sentiments avec les “Les 5 sens” accompagné du piano et du saxophone d’Ibrahim Maalouf, compositeur et musicien franco-libanais et par ailleurs producteur de l’album.

L’histoire de Grand Corps Malade nous touche, évidemment, ses quelques excellents jeux de mots, sa voix qui sonne juste, son timbre de basson, sa tranquillité sur n’importe quel rythme, son désir d’évoluer. À l’espace Beauregard, en avant-première, vous pourrez découvrir, écouter ou réentendre ce slameur-poète. Il franchit un cap, dans sa vie privée où les références à sa paternité et à l’enfance sont plus prononcées tout au long de ce nouveau disque, et sur le plan artistique en rejoignant un label indépendant. Un véritable funambule, encore très loin d’avoir fini sa traversée.


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