Drapeau Chinois flottant sur fond de gratte ciels à Pekin.

Chine : un dialogue difficile, mais utile

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L’absence de résultats probants dans les déplacements des dirigeants européens en Chine, dont celui du chef de l’État, ne doit pas arrêter l’action de l’UE auprès de Xi Jinping.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 13 avril 2023


Depuis que la Chine a mis fin à sa politique controversée et problématique de zéro Covid l’automne dernier, cinq responsables européens se sont rendus à Pékin : le chancelier allemand Olaf Scholz ; le président du Conseil européen, Charles Michel ; le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez ; le chef de l’État français, Emmanuel Macron, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Il s’agit d’une offensive diplomatique à grande échelle qui souligne l’importance politique et économique de la Chine dans un environnement mondial en pleine mutation. Deux sujets dominent ces visites : la guerre en Ukraine et les relations entre l’Europe et Pékin. Aucun des deux n’a donné lieu à une percée significative tellement ils semblent éloignés des préoccupations des Chinois, ramener Taïwan dans leur giron et apaiser les tensions dans les rapports avec les États-Unis sur fond de codépendance économique.

Le manque d’avancées majeures est largement attribuable au flou avec lequel les dirigeants chinois ont décliné sans ostentation certaines demandes exprimées par les Européens (comme de faire pression sur Vladimir Poutine), tout en en acceptant d’autres sans hésitation. Compte tenu du manque de fiabilité du vaccin chinois contre le Covid, Scholz avait réussi que la formule Pfizer BioNTech soit utilisée pour les expatriés résidant en Chine. À son tour, Michel a reçu des mots d’encouragement de Xi Jinping pour les « efforts de médiation » européens dans le conflit en Ukraine. Et cela au moment où en réalité l’UE se range sans équivoque du côté de Kiev. Sanchez a obtenu la reconnaissance du droit de l’Ukraine à exister en tant qu’État souverain, ce qui n’est pas rien si l’on considère que Poutine le nie théoriquement et par des moyens militaires. Macron et von der Leyen n’ont pas récolté d’engagement explicite de la Chine sur sa médiation dans la guerre en Ukraine. Ils n’ont pas obtenu non plus la condamnation du possible déploiement d’ogives nucléaires en Biélorussie alors que Xi Jinping s’est officiellement prononcé contre la menace et l’usage de ces armes. À peine avaient-ils quitté le territoire de la Chine que son président ordonna une vaste manœuvre navale d’encerclement de l’île de Taïwan.

Cela ne veut pas dire que les efforts européens sont stériles ou qu’ils se déroulent nécessairement dans un contexte d’infériorité par rapport à Pékin. Sur le plan économique, la Chine est la première intéressée à ressusciter un accord d’investissement conclu avec Bruxelles en décembre 2020. Dans un climat de conflit commercial sino-américain, la reconfiguration des échanges permet à l’Europe, avec ses 450 millions d’habitants, de jouer ses propres cartes sans pour autant renier son alliance avec les Américains.

En ce qui concerne l’Ukraine, les partenaires européens recherchent des solutions pour mettre fin à une guerre qui non seulement cause une tragédie humaine, mais constitue également une menace directe. Tout effort susceptible de nous rapprocher d’une paix durable vaut la peine, bien que l’expérience montre que la prudence doit être de mise dans les rapports avec la Chine. Le régime de Pékin, si éloigné des valeurs, des principes et des libertés sur lesquelles repose l’Union européenne, se concentre sur ses propres intérêts. L’absence de résultats effectifs ne veut pas dire que cette série de visites a été un échec ou inutile. Cela ne devrait pas décourager l’action européenne auprès de Xi Jinping en tant qu’élément crucial à la fois des relations de l’UE et d’un futur processus de paix en Ukraine.


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