CHANTAL COLLEU-DUMOND “L’audace de saisir sa chance…”

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Une femme se cache derrière la réussite de Chaumont-sur-Loire. Lorsqu’elle en prend la direction en 2007, le Domaine entame une nouvelle vie. Habituée à relever les défis, Chantal Colleu-Dumond y introduit l’art contemporain et revisite chaque année l’art des jardins en fédérant un public toujours plus large. 

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 20 avril 2018

« Ce fut très difficile de mettre en place un établissement public, mais il y avait une vraie volonté politique portée par tous », nous confie Chantal Colleu-Dumond. « Une journée à Chaumont est une expérience globale, rythmée par la rencontre avec le patrimoine, avec l’art et avec les jardins. Tout ici compte et tout est pensé pour le bonheur du visiteur. La qualité de l’accueil et l’hospitalité sont pour nous des valeurs très importantes. Chaumont doit être un lieu de ressourcement. »

La dimension internationale et contemporaine qu’elle a apporté au Festival des jardins et au Domaine, Mme Colleu-Dumond le partage avec son équipe. Sa réussite première c’est certainement d’avoir su faire partager son exigence. Une passion couronnée par trois étoiles au guide vert Michelin et la distinction internationale en 2014 du meilleur festival de l’année.

Mais comment en arrive-t-on là ? Comment trouve-t-on ses valeurs ? Comment échappe-t-on à une route toute tracée ? Alors que Chantal Colleu-Dumond était programmée pour rester à Tours, se marier, avoir des enfants et consacrer sa vie à sa famille, elle fera de longues études, sillonnera l’Europe et ouvrira des voies. La carrière universitaire qui lui était promise après son agrégation de lettres classiques ne pouvait totalement combler ses rêves d’ailleurs. « En 1982, j’ai été candidate pour partir à l’étranger. J’ai été nommée directrice du centre culturel d’Essen, en Allemagne, à une époque où l’on offrait peu de postes à des jeunes, encore moins à des femmes. »

Je sais partir au bout du monde pour ressourcer mon regard…

Après Bucarest et un retour à Paris, elle devint conseillère culturelle à Rome. C’est alors qu’elle fit la connaissance de Jean-Paul Pigeat, créateur du « Festival des Jardins de Chaumont ». Elle lui succèdera en 2007, réussissant à prescrire ses orientations en faveur de l’art contemporain, élevant son niveau d’ambition sans que personne n’ait aujourd’hui à s’en plaindre. Les plus grands noms de l’art contemporain associés à la nature, Klaus Pinter, El Anatsui, Andy Goldsworthy et tant d’autres, ont tous accepté son invitation.


Voir aussi : Garden party à Chaumont-sur-Loire


Discrètement, grâce à son sens de la diplomatie et sa profonde envie de partager la beauté avec le plus grand nombre, Chantal Colleu-Dumond a charmé son monde. Car, elle ne montre jamais qu’elle est débordée, son sourire imperturbable reste sa meilleure carte de visite. Pourtant elle se dit dans le doute permanent, l’interrogation, l’obsession d’apprendre et de relever de nouveaux défis. 

Son contrat actuel court jusqu’en 2022 et elle compte bien profiter de chaque instant : « Je ne suis jamais restée en poste plus de quatre ans, sauf à Chaumont ! Mais il y a ici de la profondeur, des possibilités de développement incroyables. C’est une alchimie, un laboratoire inséré dans un paysage sublime, inchangé depuis des siècles », conclut-elle. « Je sais aussi voyager, partir à l’autre bout du monde pour ressourcer mon regard ».

PARCOURS
1982 : Directrice du centre culturel d’Essen
1988 : Conseillère culturelle à Bucarest
1991 : Directrice des affaires internationales au ministère de la culture 
1995 : Conseillère culturelle à Rome
1999 : Directrice du Centre culturel de l’abbaye de Fontevraud
2003 : Directrice de l’Institut français à Berlin
2007 : Directrice de Chaumont-sur-Loire


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