Brésil, après le soulagement place à la réconciliation

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Luiz Inácio Lula da Silva, 77 ans, est le nouveau président du Brésil. Après douze année d’absence du pouvoir, le 1er janvier 2023, il reviendra pour la troisième fois au Palais Alvorada, siège du gouvernement à Brasilia, après avoir remporté d’extrême justesse les élections par 1,8 point (50,9 % contre 49,1 %). Le Parti des travailleurs (PT) obtient 13,3 millions de voix de plus qu’aux élections présidentielles de 2018, tandis que Jair Bolsonaro n’en recueille que 401 000 de plus.

Par Alberto Rodriguez Pérez
Publié le 3 novembre 2022

C’est le début d’une nouvelle ère où la renaissance de l’ancien président de gauche, emprisonné pendant un an et demi pour une condamnation pour corruption dont la peine a été annulée, s’ajoute au défi de reconstruire une société gravement fracturée.

L’exécutif d’extrême droite de Jair Bolsonaro, dans sa polarisation constante et dangereuse, a détérioré la qualité démocratique de la plus grande économie d’Amérique latine. Le mépris des institutions telles que le Tribunal supérieur électoral, les attaques répétées contre les femmes & les minorités, la défense de l’usage des armes, mettent en péril le vivre ensemble dans un pays de 214 millions d’habitants. C’est maintenant au tour de Lula de récupérer les valeurs perdues et de surmonter une division profonde de la société capable de court-circuiter les politiques futures. Il ne s’agit pas seulement de sortir 33 millions de Brésiliens de la pauvreté ni de sauver l’Amazonie de la déforestation, après des années d’abandon par l’État et de désinvestissement des organismes chargés de la protéger. La tâche est bien plus difficile. Lula devra convaincre les Brésiliens de la nécessité d’unir leurs forces et d’entamer la reconstruction nationale.

Une grande entente entre les forces démocratiques est indispensable. Lula, dont la victoire couronne un cycle de succès de la gauche en Amérique latine, a fait un pas dans cette direction avec l’élection de son vice-président, Geraldo Alckmin, un politicien de centre droit qui fut son rival lors des présidentielles de 2006. Le PT est seulement une de plus, bien que la plus importante, d’une large coalition ouverte à des centristes et même des conservateurs, qui intègre neuf autres forces politiques, toutes unies par la volonté de mettre fin aux années Bolsonaro.

Le défi sera, en tout cas, titanesque. Le président sortant aura le plus grand groupe parlementaire au Congrès, soit un siège sur cinq, et 14 des 27 gouverneurs des États dont celui de São Paulo, le plus riche et le plus peuplé du pays. Une forte opposition au futur gouvernement est attendue sur ce front. Et c’est là l’autre grand défi du fondateur et dirigeant du PT. Il est essentiel pour Lula de briser l’encerclement de l’extrême droite pour imposer ses décisions et garantir la stabilité de son exécutif. Il doit, pour commencer, rapprocher les positions des secteurs modérés de la droite, y compris ceux qui sont venus un jour appuyer le président défait aux urnes.

Alors que ses partisans ont commencé à bloquer les routes, Bolsonaro a accepté à demi-mot le résultat des élections et que la majorité des Brésiliens aient tourné le dos à ses propositions extrêmes. Il est temps pour le Brésil de clore une étape toxique et, main dans la main avec Lula, de reprendre le chemin de la réconciliation, lutter contre une pauvreté grandissante et contre la faim, replacer le respect de l’environnement au cœur de l’action et rendre au pays son rang sur la scène internationale.


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